l’empathie ou l’art de rejoindre l’autre sur sa colline

Des œuvres d’art à comprendre.

L’empathie est issue d’un néologisme  Allemand « Einfühlung » qui indique le rapport qu’entretien une personne avec une œuvre d’art, sa capacité à la comprendre, à la ressentir.
Penser qu’un mot qui définit aujourd’hui notre capacité à répondre de façon appropriée à une émotion que traverse l’autre, est à l’origine, un mot qui évoque notre capacité à comprendre et à ressentir intimement une œuvre d’art...
L’image est jolie je trouve. Nous sommes tous des œuvres d’art à comprendre et ressentir.

 

De façon appropriée ?

Répondre de façon appropriée à l’émotion de l’autre, signifie être en position d’apporter du soutien cohérent avec son besoin émotionnel .

Par exemple, « ne t’inquiète pas ! » n’est pas une réponse empathique. Elle aurait plutôt tendance à nier l’émotion de l’autre, à ne pas lui laisser de place. Par contre,  » C’est difficile pour toi, tu aurais besoin d’être rassurée à ce sujet? » est une réponse qui montre à l’autre que son ressenti est entendu, pris en compte. Vous cherchez à comprendre ce que la personne traverse.

Pour Carl Rogers, psychologue humaniste à l’origine de l’approche centrée sur la personne :  « Être empathique, c’est percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que possible et avec les composants émotionnels et les significations qui lui appartiennent comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de vue la condition du « comme si ». »

C’est en cela que l’empathie se différencie de la sympathie et de la compassion.

L’empathie se place d’une part, au niveau cognitif. Il s’agit de comprendre la situation de l’autre : comprendre son point de vue, changer de perspective. Plusieurs découvertes neurophysiologiques récentes, démontrent le rôle des neurones miroirs dans ce phénomène. Le simple fait de voir quelqu’un faire quelque chose active les neurones miroirs de notre cerveau « par un phénomène de résonance motrice entre un cerveau et un autre ». Une sorte de wifi humain!

L’empathie a aussi une dimension plus affective qui correspond au fait de ressentir une émotion appropriée en réponse à l’émotion de l’autre.

Cette compréhension globale facilite les interactions. Elle semble reposer sur deux composants majeurs : une disposition innée et non consciente à ressentir que les autres personnes sont « comme nous » et une capacité consciente à nous mettre mentalement à la place d’autrui. Cette dernière peut être renforcée si cela fait sens pour vous.

Empathie, sympathie, compassion

Là où l’empathie nous met dans la dynamique de comprendre ce que l’autre vit, la sympathie, au contraire, implique d’éprouver les mêmes émotions que lui. Elle induit souvent une action pour soulager autrui de son émotion, le réconforter, …

L’empathie nous rend tolérants et bienveillants. La fonction de la sympathie est de créer des liens affectifs, de partager ses émotions, d’établir des solidarités.

La compassion, c’est littéralement, souffrir avec.

Pas toujours facile

L’empathie c’est comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique !

Notre capacité d’empathie est modulée par notre attention et notre motivation. Elle dépend de nombreux éléments comme notre disponibilité, notre état de fatigue… Plus largement encore, elle dépend de notre sentiment de proximité avec l’autre (quelqu’un avec qui on ressent une appartenance). Plus cette distance sociale est grande plus il est compliqué de ressentir de l’empathie.

De par leur vécu, leur histoire, les individus sont plus ou moins empathiques.

Favoriser l’empathie

Tout ce qui favorise le sentiment d’appartenance, diminue le sentiment de distance sociale et renforce l’empathie. Partagez des moments avec les êtres qui vous sont chers, vos collègues, vos voisins (…) renforce le sentiment d’appartenance.

Le désir profond d’apporter une écoute empathique est aussi un outil puissant pour renforcer cette capacité à être disponible à soi et à l’autre.

La sophro, permet de renforcer cette capacité à bien des niveaux. Elle invite à s’écouter pour mieux se comprendre, à renforcer son auto-empathie. Submerger par ses propres émotions et tensions, il est plus difficile de se montrer disponible à l’autre.

Un travail sur les sensations et les perceptions permet d’expérimenter que notre vision du monde est le fruit de nos perceptions et non la réalité objective. Cette expérience permet de prendre conscience que le ressenti de chacun peut être très différent face à une même situation.

Les échanges avant et après les pratiques nous apprennent à parler de notre vécu personnel, de notre ressenti, de notre façon de voir les choses. Et ainsi, par la répétition,  d’être progressivement capable d’exprimer clairement ce que nous ressentons, ce que nous vivons. Bien au delà de la séance, cela favorise l’écoute empathique et permet de nourrir des relations de qualité dans la vie personnelle et professionnelle.
La communication bienveillante/ non-violente/ assertive repose aussi sur ce principe.

Se glisser dans les chaussures de l’autre

Il s’agit de changer de perspective pour mieux comprendre la perspective de l’autre.

Être empathique demande d’être en capacité de remettre en question son vécu personnel, sa perception d’une situation. Dans cette dynamique, garder en tête que, comme vous, l’autre a un vécu qui correspond à sa réalité et que cela ne peut être nié.

Il ne s’agit pas d’une injonction supplémentaire à insuffler dans le quotidien, mais pourquoi pas un cap si cela fait sens pour vous.

Et vous, ça vous évoque quoi l’empathie?